XII – Le Pendu

Axe du Tarot : Passif ; application, pratique, mise en œuvre (13,14,15,16)

Lamed Persée

Les onze couples : XI / XII – Objectif, résultat final (XI-XII)

La Force : – Puissance, idée réalisable, génie pratique, intelligence domptant la matière, énergie, courage, homme d’action sachant vaincre les difficultés.

Le Pendu : Impuissance, utopie, rêveur, esprit échappant à la matière et n’ayant pas de prise sur elle, apôtre, martyr de l’inintelligence de ses contemporains.

Tétrades comparatives

Principe d’intelligence individuelle (La Force, Le Fou, Le Pendu)

Le Bateleur :En puissance. Rendant apte à s’instruire de toute chose.

La Force : En acte, pleinement instruit et appliqué aux œuvres pratiques.

Le Mat : Inactif, inerte, incapacité intellectuelle, stupidité, incompréhension

Le Pendu : Entravé, rendu improductif. Génie incompris, pensées trop sublimes pour se rendre intelligibles.

Triple ternaire

Produit spirituel généré : Corps de l’Esprit

L’Impératrice : Concept subjectif, pensée-chose ou idée non exprimée, renfermée par l’esprit.

Le Pendu : Sphère spirituelle de l’individu, ambiance mentale, idées, objectivités, rêves, conceptions aimantées et visualisées.

Début de l’initiation passive et mystique féminine et ionienne. Le mystique, par son renoncement passif, se met à la disposition de ce qui agit sur lui. Il ressemble au Bateleur, mais il contraste avec le jongleur habile, le supplicié n’ayant de libre que la jambe droite qu’il replie pour former une croix alors que son corps forme un triangle renversé, le tout symbolisant l’accomplissement du Grand Œuvre. Le Pendu est inactif et impuissant. Au niveau corporel, car son âme s’est dégagée. L’entrée en soi conduit à la réalisation du Grand Œuvre par la voie sèche du Dorisme , alors que la sortie de soi y achemine par la voie humide de l’Ionisme . Il vit dans le rêve de son idéalité, car la réalité terrestre lui échappe. La traverse, jaune entre les deux arbres, représente la religion des âmes d’élite. Ne vise pas la conquête du ciel, sa tête dirigée vers le bas indique ses préoccupations terrestres, son dévouement à autrui. Les deux arbres représentent les deux colonnes de Jakin et Bohas, la volonté de se soustraire à la matérialité grossière. L’écorce bleue devenant verte symbolise la contemplation sereine devant une vitalisation progressive permettant de différencier la pratique du culte, du côté moral et vivant de la religion.

Les douze cicatrices pourpres, laissées par les branches coupées manifestent la religion agissante transcendant les confessions particulières. Ses vêtements sont rouges (actif) et blanc (pureté) et ornés de deux croissants. Celui de gauche est rouge et représente l’humanité mystique, alors que celui de droite est blanc et symbolise les facultés intuitives. Sa tunique est ornée de quatre boutons, deux rouges et deux blancs, deux représente la Papesse, foi active chez les mystiques et quatre à l’Empereur, maître de la volonté. Si le Mage prétend commander, le mystique n’aspire qu’à obéir. Ses bras tiennent des sacs d’où s’échappent des pièces d’or symbolisant le soleil, l’esprit, la raison ; les pièces d’argent symbolisant la lune, l’âme, la sensibilité. Le héros mythologique qui le représente est Persée qui est la personnification de la pensée agissante qui se transporte au loin pour vaincre le mensonge, afin de délivrer Andromède, il tranche la tête de la Méduse. Si le Pendu est impuissant corporellement, il n’en dispose que d’un plus grand pouvoir sur le plan spirituel. L’énergie subtile émanant de lui, lui confère une grande influence psychique.

Esquisse cosmogonique

Pour bien travailler, il faut s’adonner au travail avec abnégation, en se consacrant à l’œuvre entreprise. Accomplir une tâche sans goût et sans amour, c’est peiner en esclave, non en libre artisan divin animé de ferveur créatrice. Le désintéressement fait l’artiste, qui est un dévot de la religion de l’Art. Dans sa dévotion, cet ouvrier créateur est tout le contraire de l’homme pratique ; il ne se tient pas debout, solidement ancré sur le sol terrestre, car il se balance entre le ciel et la terre, accroché par le pied à la potence du Pendu. Il faut consentir au supplice pour réaliser le Grand Œuvre. L’oubli de soi permet d’agir divinement, dans l’esprit du pur mysticisme réalisateur. Son symbole est le signe de réalisation du Grand Œuvre.

Programme initiatique

Nul ne peut participer au Grand Œuvre, s’il n’entend travailler que pour soi. Le désintéressement fait l’artiste. Attache-toi à ce qui ne te rapporte rien et comporte-toi à l’encontre des égoïstes. Donne sans souci de recevoir.

Philosophie hermétique

Le Pendu ou l’accomplissement en soi-même du Grand Œuvre. Les épurations subies ont préparé l’âme forte à l’accomplissement du Grand Œuvre. Celui-ci exige de la part de l’opérateur un absolu désintéressement. S’il possède des trésors, il doit les semer au bénéfice de ceux qui les ramasseront. Renonçant au sens pratique prisé dans la masse des humains, il lui faut le courage d’un généreux oubli de soi-même et le dévouement d’un amour irrésistiblement agissant.

Concordances maçonniques

Le Pendu ou le renoncement à soi-même. L’influence initiatique s’exerce mystérieusement, sans recourir aux moyens profanes. Elle passe inaperçue, car elle ne se traduit ni en discours retentissants, ni en actes captivants l’attention. L’initié se condamne volontairement à une apparente impuissante, qui lui permet d’agir à sa façon avec efficacité. Le projet, qui, loin de toute vaine agitation, mûrit dans la réserve et le silence, acquiert force de réalisation. Le rêveur désintéressé, qui s’attache à son rêve avec abnégation, prépare l’avenir en oubliant le présent.

Abnégation, sacrifice consenti, influence Lune-Vénus

• Désintéressement, oubli de soi-même, dévouement, soumission au devoir, patriotisme, rêve généreux, apostolat, philanthropie, don de soi. Idées d’avenir répandues. Semences.
• Bonnes résolutions inexécutées, projets non réalisés, plans bien conçus, mais demeurant théoriques. Promesses non tenues, amour non partagé, bons sentiments exploités, «poirisme». Impuissance réalisatrice. pertes.

Wirth, Oswald. Le tarot des imagiers du moyen-âge